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« La musique ce sont des rencontres ! »

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Didier Ithursarry, accordéoniste campinois, nous parle de son instrument qu’il pratique depuis son plus jeune âge. Il évoque, avec émotion et sensibilité, la musique comme faiseuse de rencontres entre les artistes mais surtout avec le public. Entrevue !  


Vous avez commencé la musique très tôt... Pourquoi l’accordéon ?
L’accordéon était assez populaire dans ma région, le pays basque. Je voulais jouer de cet instrument mais c’était aussi un choix de mes parents… un choix très dirigé ! Petit, je jouais 1h30 par jour. J’avais quelques facultés, mais mes parents m’ont poussé à m’investir pleinement. J’ai eu la chance d’avoir de bons professeurs qui m’ont donné le goût de la musique. Très vite j’ai eu l’occasion d'en faire mon métier. Mais être intermittent du spectacle c’est énormément de travail. C’est un métier exigeant, un vrai métier !
 

Parlez-nous de votre parcours…
À mon époque l’apprentissage de l’accordéon était moins développé alors je me suis installé à Paris et j’ai intégré le Conservatoire national supérieur1. Dans les années 90 il y a eu un renouveau de l’accordéon, avec de nouvelles perspectives qui s’ouvraient, je suis arrivé au bon moment. J’ai eu l’occasion d’intégrer l’Orchestre national du jazz, dirigé à lépoque par Claude Barthélémy, un campinois, un génie ! C’est à ce moment là que je suis arrivé à Champigny, dans les années 2000. Dans ma carrière, j’ai pu jouer avec de nombreux artistes, au théâtre, en séances d'enregistrements, ou encore en chanson : Alfredo Arias, Clarika, Sanseverino, Zazie, Julien Clerc, mais aussi François Béranger.
 

Vous avez créé à Champigny…
J’avais besoin d’un endroit pour pouvoir travailler et jouer. Le théâtre Gérard-Philipe m’a accueilli les bras ouverts et m’a proposé des loges pour répéter. Gérard-Philipe c’est un peu ma 2e maison ! J’ai eu la chance d’être soutenu, par la Ville, sur deux créations, Kantuz (en quartet) et Atea (en trio), conçues ici à Champigny. L’album Atea, date de l’année dernière, nous avons pu jouer à Olivier-Messiaen en septembre dernier ainsi qu’à Paris. Nous sommes programmés dans la prochaine saison culturelle, lors du festival de jazz.
 

Quelles sont vos inspirations ?
J’aime le côté organique et authentique que procure la musique, que ce soit la musique contemporaine, la musique du monde ou encore la musique traditionnelle. Tous les genres musicaux me nourrissent ! Ce qui m’attire c’est avant tout l’émotion, ce qui est véhiculé, ce qui donne à voir et à entendre, c’est le plus important pour moi. Dans la musique, on parle de réseau, moi je préfère parler de famille. Je suis curieux et j’aime aller à la rencontre des autres, me nourrir sans arrêt. La musique ce sont des rencontres !
 

Être sur scène, quelles sensations ça vous procure ?
Sur scène j’aime exprimer des émotions et les partager avec le public. Transmettre des sentiments et raconter une histoire. Mais on peut aussi faire rire et communier avec le public ! En toute modestie, c’est quelque chose de très poétique, spirituel comme un moment de grâce entre l’artiste et le spectateur. On essaie de faire passer un message et le public nous renvoie la force d’aller plus loin, c’est comme un message d’amour ! Un artiste sans public, ce n’est pas grand-chose.
 

Quels sont vos projets ? 
Je participe aux « bulles culturelles » qui auront lieu dans la ville. Je vais accompagner la trapéziste Justine Bernachon et le jongleur Nathan Israel. Un échange entre deux arts, de la musique improvisée, basée sur l’énergie. C’est une rencontre spontanée entre deux artistes, mais aussi une rencontre avec le public. Cela permet de créer du lien avec les habitants avec une chouette initiative qui touche toutes les générations. C’est une découverte pour eux comme pour nous ! Cela a d’autant plus de valeur, avec la crise que nous vivons.

 

Par Marina Taravella
Crédit photo : Jean-Baptiste Millot

Pour en savoir plus : didierithursarry.com

1Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris