Aux beaux jours, cultivons la biodiversité en ville ! En lien avec le concours des balcons et jardins fleuris lancé par la ville en mai, Alain Roussel, jardinier municipal et jury au concours, vous livre ses conseils d’expert. 10 points clefs pour jardiner en toute biodiversité.
- Adopter de nouveaux réflexes
Chacun peut recréer son propre écosystème dans son jardin et sur son balcon ! La biodiversité forme un cercle vertueux. Quand la terre vit, elle attire des acteurs de la décomposition, les insectes, vers de terres et micro-organismes qui participent à la vie du sol.
Ainsi les végétaux puisent directement dans la terre du jardin ou du pot ce dont ils ont besoin. Et gagnent en résistance pour faire face aux parasites et autres maladies.
- Nourrir la terre
Une terre de qualité, c’est le socle de la biodiversité. Dans la forêt, l’humus, terre grasse et noire, provient de la décomposition (feuilles, bois, mousse…). Dans un jardin, ou sur un balcon, vous recyclez les déchets végétaux que votre coin de verdure produit. Feuilles, tiges et autres végétaux broyés peuvent être installés sur le sol du jardin, dans les pots du balcon. D’autres techniques comme le compost ou la lombriculture donnent de bons amendements, à glisser sous le paillage pour enrichir la terre naturellement.
- Réguler l’humidité
Le paillage, c‘est vraiment l’ami du jardinier. A installer sur une épaisseur de 10 centimètres dans le jardin, 2 à 2 centimètres dans les pots et jardinières tout en laissant respirer le collet des plantes. Le paillage garde l’humidité en évitant l’évaporation : c’est 50% d’arrosage en moins dès la première année de plantation. On peut utiliser de l’herbe tondue (au préalable séchée et aérée), des paillettes de bois ou du broyat de peuplier, local peu onéreux à trouver en jardinerie. Pour les plantes en pot ou en jardinière, drainez pour éviter les stagnations d’eau en perçant les récipients qui accueillent les plantes et en installant des billes d’argile au fond.
- Accueillir les insectes
Un hôtel à insectes abritera les abeilles solitaires qui pollinisent mais ne vivent pas en ruche et ne produisent pas de miel. Vous pouvez le construire vous-même ou laisser un morceau de bois mort, non loin d’un carré de plantes sauvages. Les insectes apprécient les endroits ensoleillés, exposés sud.
- Mélanger les végétaux
Parce que la nature n’est ni rectiligne, ni uniforme, variez les espèces ! Sur les balcons, utilisez des jardinières en escalier, utilisez des pots de taille et hauteur différentes. Pour le plaisir des yeux, mais aussi en prévention. En cas de maladie ou d’attaque parasite, tous les végétaux ne tomberont pas malades en même temps. Choisissez des plantes rustiques adaptés au climat européen : la centaurée, l’epimédium ou fleur des elfes, la sauge (facile d’entretien), des graminées, des plantes vivaces qui nécessitent peu d’entretien (sauf un bon arrosage la première année).
- Tailler les arbres en transparence
Sur les arbres et arbustes (même en pot !) de plus de 5 ans, il s’agit de couper certaines branches pour laisser passer la lumière au sol. On peut ensuite planter des vivaces couvre-sol au pied de l’arbre, et multiplier les espaces à végétaliser et... les périodes de floraison. Cette taille, plus naturelle, respecte l’architecture de l’arbre et le protège du vent.
- Espacer les tontes
Régler la tondeuse sur 55-70 millimètres. L’herbe haute permet de densifier le gazon : on évite ainsi son jaunissement par la chaleur, et la pousse d’autres espèces indésirables sur la même surface. Les insectes préfèrent l’herbe haute qui peut aussi se coucher en cas de vent et de piétinement : elle augmente ainsi son pouvoir de protection du sol.
- Choisir des haies mélangées
Il existe des alternatives aux « murs » de thuyas, importés d’Amérique du Nord, qui acidifient les sols et sont sujets aux maladies. Variez les espèces d’arbres, d’arbustes, de vivaces : à chacun ses atouts ! Les oiseaux apprécient les arbustes avec des baies (amélanchier, églantier...) ; le forsythia donnera un bel éclat de fleurs jaunes à la fin de l’hiver, le noisetier pousse vite…
- Laisser (un peu) d’herbes folles
Les abeilles adorent butiner les fleurs de trèfles et de pissenlit. Les plantes sauvages aussi ont leur charme : la corolle d’un liseron, le bleu du myosotis, la pariétaire amie des papillons… même un petit pot dédié aux plantes sauvages apportera le gite et le couvert aux insectes sur votre balcons et contribuera à la biodiversité.
- Observer et s’adapter
Finalement, ce sont les plantes qui choisissent de pousser là où elles se plaisent. Certaines graines arrivent par les abeilles ou les oiseaux et donneront une belle végétation spontanée. D’autres plantes que l’on bichonne refuseront de croître malgré tous les soins que vous leur apportez. Tirez le bilan de ce que vous voyez et modifiez en conséquence. Jardin et balcon évoluent au fil du temps, en fonction de la pousse des végétaux, de la terre qui s’enrichit…
Votre balcon ou votre jardin peuvent aussi accueillir quelques légumes et aromates… A vos couleurs, senteurs et saveurs !
Par Laurence Doyen